Chères fidèles lectrices et fidèles lecteurs de « Repères »,
Il n’a jamais été aussi nécessaire de vous souhaiter la meilleure année possible et aussi incongru de le faire, dans ces circonstances particulièrement incertaines. Celles et ceux qui, parmi nous, enseignent, savent quelle est la détresse de très nombreux étudiant(e)s. Alors que certains se réjouissaient déjà de trouver dans cette crise l’opportunité de faire un saut technologique dans le processus de numérisation de notre enseignement, il s’est vérifié au contraire que la froide substitution des écrans à la relation humaine avait des effets désastreux. Bien que la diffusion des « Repères » sur Cairn offre des ressources qui seraient inaccessibles en période de confinement, nous savons que ces lectures perdent beaucoup de leur utilité en l’absence d’un cadre pédagogique et de professeurs pour motiver.
L’un de nos vœux des années précédentes s’est toutefois réalisé. Nous pouvons en effet annoncer la parution d’une Sociologie historique du capitalisme, que nous devons à Pierre François et Claire Lemercier. Nous attendions ce livre depuis longtemps, l’association d’un sociologue et d’une historienne nous paraissant bienvenue en général, mais tout particulièrement sur l’un des sujets de prédilection de cette collection (cf. Économie politique des capitalismes de Robert Boyer). L’analyse d’un système à la fois économique, social, politique et idéologique, dont la dynamique se déploie sur longue période, requiert des compétences pluridisciplinaires. Les auteurs remontent au XVIIe siècle pour dépeindre le premier âge de la société capitaliste. Leur périodisation, qui n’est pas mécanique, chaque période conservant ou reconfigurant des traits de celle qui l’a précédée, les conduit jusqu’à la période contemporaine, celle du troisième âge, éclairée par cette mise en perspective longue. Ils prennent soin de faire varier leur focale, à la fois « macro », lorsqu’il s’agit par exemple de mettre en évidence le rôle déterminant de l’État, « méso » ou « micro », lorsqu’il s’agit d’étudier certains secteurs ou certaines entreprises, qui sont autant de « cas » significatifs des pratiques ou des idées dominantes du moment. Il en résulte une fresque se distinguant par son relief et ses contrastes. Cette variété de perspectives, attentive à l’hétérogénéité des configurations étudiées, mais sans jamais diluer l’objet principal dans la prolifération des cas particuliers, apporte au lecteur un nouveau regard, y compris sur des réalités qu’il croyait déjà bien connaître. C’est donc un livre qui sera très utile aux étudiants tout en intéressant leurs professeurs.
La seconde parution à signaler en ce début d’année est la deuxième livraison de ce qui deviendra, nous l’espérons, un périodique : L’Économie africaine 2021. Il nous semble en effet qu’il y a comme un déficit éditorial à combler sur un ensemble de sujets qui font pourtant l’objet d’une demande croissante, après une trop longue éclipse.
Comme vous, chers lecteurs, nous essayons de traverser cette mauvaise passe en cherchant un horizon, au-delà des difficultés du moment, conscients que nous ne reviendrons probablement pas au monde d’avant.
Pascal Combemale, directeur de la collection « Repères »