Chère lectrice, cher lecteur,
Je vous écris cette lettre avant le 7 juillet, dans ce moment d’incertitude inquiétante pendant lequel il est plus difficile de se concentrer sur son travail.
Bien que différemment, chacun des « Repères » que je dois vous présenter, comme chaque mois, s’inscrit dans l’actualité.
Le premier traite de la Géopolitique du sport et est signé par Lukas Aubin et Jean-Baptiste Guégan. Vous ne l’ignorez pas, les jeux Olympiques commencent le 26 juillet, mais tout le monde ne le savait peut-être pas puisque la cérémonie d’ouverture aura lieu 46 jours après la dissolution. Certes, il existe un Comité d’organisation (Cojo) supposé pouvoir accomplir sa mission indépendamment du contexte politique. L’incidence du résultat des élections est toutefois assez imprévisible. Nous sommes donc au cœur du sujet et ce qui va se passer ajoutera un chapitre à ce livre. Les athlètes russes participeront-ils ? Faut-il interdire la participation des athlètes israéliens ? Sera-t-il possible d’assurer la sécurité ? Etc. Le sport est depuis longtemps un instrument de soft power, mais son influence a été démultipliée par la mondialisation et l’hypermédiatisation. Un instrument à double tranchant. De toute évidence, l’enjeu ne se réduit pas à la possibilité d’une baignade dans la Seine.
Le deuxième livre est la sixième édition du « Repères » d’Erik Neveu consacré à la Sociologie du journalisme. Plus de vingt ans après sa première publication, il est permis de le présenter comme un ouvrage de référence. Depuis 2001, les conditions d’exercice du métier et le contexte dans lequel il s’exerce ont beaucoup changé, malgré certains invariants. Entre autres, on commence seulement à prendre véritablement la mesure de l’emprise croissante des réseaux sociaux, perméables aux stratégies de désinformation et de manipulation, intérieures et extérieures. Cette nouvelle édition intervient, elle aussi, à un moment critique, lourd d’inquiétudes relatives au respect du pluralisme des médias et de l’indépendance des journalistes.
Le troisième livre est une autre référence, ou un autre classique. Il s’agit en effet de la cinquième édition des Droits de l’homme. Il ne me semble pas nécessaire de présenter son autrice, Danièle Lochak, dont l’œuvre et l’engagement inspirent le respect. Dans ce « Repères », elle s’attache à historiciser ces droits humains fondamentaux, en opposition à leur idéalisation essentialiste. Cette perspective est tout particulièrement importante aujourd’hui, quand ces droits sont menacés. Tout simplement, ils n’ont jamais été acquis définitivement, comme protégés par la marche irréversible du progrès. Il a toujours fallu se mobiliser pour les préserver, les étendre, et l’histoire de ces luttes continue.
Pascal Combemale