Maria Vasconcellos nous a quittés le 17 novembre 2008, après un long combat contre le cancer.
Maria Drosila Vasconcellos était née en septembre 1946 à Saõ Paulo, dans une famille de la « bonne bourgeoisie » brésilienne. Après des études secondaires à Notre-Dame de Sion (sa formation est décrite par Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot dans Les grandes fortunes, Payot, 1996, ch. 3), elle fait quatre années d'études supérieures (1965-1969) à l'université catholique de Saõ Paulo.
Ses activités militantes dans le mouvement étudiant et contre la dictature militaire (sur cette période, on peut lire le témoignage écrit à la nouvelle de sa mort par José Dirceu, qui avait été le leader de ce mouvement : « A partida de Drosila », 18 novembre 2008, www.zedirceu.com.br) l'obligent à quitter le Brésil pour Cuba, puis l'Algérie, puis la France où elle est réfugiée politique au début des années 1970. Retourné au Brésil, son compagnon y est tué dans des circonstances tragiques.
Un couple âgé, dont elle restera une amie fidèle, l'accueille d'abord comme « dame de compagnie » dans le XVIe arrondissement de Paris. Elle entreprend des études supérieures à l'IEDES puis à Paris 8-Vincennes, pour mener une maîtrise de sciences de l'éducation, un DEA puis une thèse de troisième cycle de sociologie de l'éducation, rendant compte d'une enquête sur les étudiants en sciences de l'éducation, soutenue en 1982, sous la direction de Paul de Gaudemar, qui savait créer des liens de solidarité durable entre ses doctorants.
Elle travaille dans le cadre du département de formation permanente de Paris 8, mène des recherches et donne des enseignements à Paris 8, Paris 7 et au CNAM avant d'être recrutée en 1992 comme maître de conférences de sociologie au département de sciences de l'éducation de Lille 3, où elle est rapidement nommée professeur, avant que son état de santé ne lui fasse demander sa mutation au CNAM en 2007. De 2004 à 2007, elle est vice-présidente de la section de sociologie et démographie du Comité national des universités.
On peut lire une description de son parcours de recherche, situé pour l'essentiel à l'intersection de la sociologie de l'éducation et de la sociologie du travail, et portant plus précisément sur les transformations des liens complexes entre « formation et emploi », dans un article intitulé « Les méandres de l'apprentissage du métier de sociologue » (in Perspectives documentaires en Éducation, 1998, n° 44). Parmi d'autres publications, dont la plus récente est un ouvrage collectif sous sa codirection, La question identitaire dans le travail et la formation (Cahiers du GRIOT, juin 2008), paru cette année, on compte notamment, aux Éditions la Découverte, des chapitres d'ouvrages collectifs (dans L'école, l'état des savoirs, 2000, et dans L'état de la France 2005-2006 et 2007-2008) et deux ouvrages de la collection « Repères », donnant des descriptions, sociologiquement informées, du système scolaire français (Le système éducatif, 1993, 4e éd. 2004) et de son segment post-baccalauréat (L'enseignement supérieur en France, 2006).
Une première attaque du cancer la frappe en 1994 ; c'est la troisième, en 2004, qui vient de l'emporter après des opérations et des soins douloureux. Toujours aussi discrète sur elle-même qu'attentive aux autres, prenant soin d'offrir une « présentation de soi » lisse et impeccable, avenante, presque maternelle, dévouée à ses étudiants et à ses collègues, mais avec l'énergie et le courage qui l'ont toujours fait tenir dans les épreuves, elle a su masquer jusqu'au bout les souffrances de ce long et dernier combat de sa vie de militante.
Dominique Merllié a enseigné la sociologie à l'université Paris-VIII et est co-directeur de la collection REPERES.