Chères lectrices, chers lecteurs,
À l’approche des vacances, je n’ai hélas pas de bons romans, policiers ou non, à vous proposer pour la plage. Du moins, il ne me revient pas de le faire. Mais rien n’interdit, pendant l’été, de continuer à se cultiver, bien qu’il soit conseillé d’attendre l’automne pour la lecture de « L’ontologie politique de Martin Heidegger ».
Nous vous proposons plus modestement la nouvelle édition de l’Introduction à Raymond Aron, que nous devons à Gwendal Châton. Le temps est lointain où l’on pensait préférable d’avoir tort avec Jean-Paul Sartre. Ce qui n’implique pas que le premier eut toujours raison. Selon une règle qui vaut pour tous les auteurs, sa réception varie au cours du temps. Avec le recul, nous le percevons probablement avec un plus grand sens de la nuance. Et pour les plus jeunes qui se demandent s’il vaut la peine de le lire aujourd’hui, il existe cette introduction, équilibrée et synthétique, utile et efficace : en un mot, un Repères.
Le second titre vous étonnera peut-être, jusqu’à vous faire craindre une dérive de votre collection préférée vers les parasciences, l’occultisme, la gnose… En effet, dans cet ouvrage écrit par Lionel Obadia, il est question de La Spiritualité. La tentation est ici de citer André Malraux, qui aurait dit, mais n’a jamais écrit : « Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas. » Cette citation, peut-être apocryphe, ne nous avance guère si nous ne savons pas de quelle spiritualité il s’agit (il faut probablement la chercher au Japon). Or, au XXIe siècle justement, elles sont multiples : assez loin de la vie spirituelle du moine reclus du monde, il existe un « coaching spirituel » des chefs d’entreprise, un « accompagnement spirituel » des personnes en fin de vie, des « stages d’éveil spirituel » à la religiosité asiatique, des « expériences spirituelles » d’une semaine, tous frais compris, dans une abbaye cistercienne, du « marketing spirituel », il ne faut s’étonner de rien… Certes, ce que l’on gagne en extension, on le perd en signification. C’est toutefois cette plasticité, cette labilité, qui expliquent la diffusion des spiritualités, et ce phénomène massif est une expression des transformations de nos sociétés. Ce qui justifie de lui consacrer 128 pages, dans une collection témoin de son temps.
Un livre qui ne prendra pas trop de place dans votre sac de randonnée.
Que ce soient celles-ci ou d’autres, je vous souhaite d’excellentes lectures,
Pascal Combemale