Chères lectrices, chers lecteurs
Deux « Repères » sont arrivés en ce début de printemps.
L’État du management est désormais un périodique installé, coordonné par le département de recherche de l’université Paris-Dauphine. Cette édition est particulièrement intéressante, tant par la diversité que par le choix des questions traitées. En voici un échantillon. Dans le chapitre consacré à la financiarisation des Ehpad, un sujet qui nous touche presque toutes et tous, au moins indirectement, on peut lire cette déclaration d’un ancien directeur d’un EHPAD Orpea : « Si [une résidence] ne respectait pas ses prévisions en matière de coût-repas journalier, de gestion de la masse salariale ou de taux d’occupation, la résidence apparaissait dans le flop 10 mensuel en comité exécutif (COMEX), puis en réunion de région, en présence des directeurs des établissements de la région. Humiliante, cette pratique soumet le directeur à un plan de correction immédiat et à un suivi rapproché pendant plusieurs mois. » Cela devrait justifier que l’on parle de financiarisation.
La diversité est illustrée par le chapitre consacré à la mode pudique. Une demande s’est récemment développée pour des vêtements et accessoires plus amples, plus longs, plus couvrants, plus conformes à l’interprétation de certains enseignements religieux. Cette mode est soutenue par le développement du commerce en ligne et par une blogosphère extrêmement dynamique, animée par des influenceuses. Le segment le plus large de ce marché, celui de la communauté musulmane, était estimé à 295 milliards de dollars en 2021.
Je m’en tiens à une dernière illustration, car je ne doute pas qu’elle vous préoccupe : la sobriété.
Celle-ci présuppose des renouvellements moins fréquents des produits dans le temps, et plus d’intensité dans leurs usages, une consommation moins destructrice des ressources naturelles et plus globalement du vivant, qui n’engendre pas de déchets (économie circulaire). Cela requiert beaucoup de qualités, par exemple pour les vêtements. Mais comment le consommateur fait-il pour choisir, sachant qu’il s’agit de biens d’expérience, dont on découvre la qualité par l’usage, après les avoir achetés ? C’est l’une des questions traitées dans ce chapitre.
Nous nous intéressons également à l’Histoire de l’Iran contemporain, de Mohammad-Reza Djalili et Thierry Kellner. Cette troisième édition, qui témoigne de l’audience de ce livre, se justifie par l’accélération des événements, dans cette région pourtant déjà particulièrement tourmentée, qu’il s’agisse de la guerre en Ukraine, alors que se dessine un axe Téhéran-Moscou, ou des conséquences du 7 octobre, si l’escalade se poursuit au Sud Liban. Qu’il accède ou non au rang de puissance nucléaire, l’Iran est un acteur géopolitique majeur du Proche-Orient, travaillé par des tensions internes, manifestes depuis la mort de Mahsa Amini. Une lecture conseillée pour mieux comprendre une évolution indécise.
De plus en plus souvent, les couvertures des « Repères » sont illustrées par un dessin. Nous vous invitons à découvrir celui-ci : il est très réussi.
Bonne lecture,
Pascal Combemale