Trop de visions segmentées occultent la réalité composite de l'humanitaire, facteur déterminant pourtant de la survie, du soin, du rétablissement des droits, ainsi que de la dignité de dizaines de millions de personnes, et espace d'engagement de centaines de milliers d'autres. Pour mieux en saisir les enjeux, spécificités et dynamiques, il faut revisiter d'abord sa généalogie. Puis en montrer les émergences successives, les principes fondateurs, la pluralité des acteurs, la continuité des mutations.
La démarche se veut en miroir, afin de comprendre le présent en le reliant à son épaisseur historique. Dans un contexte international où conflictualités inédites, catastrophes et pandémies surviennent sur une planète interconnectée, urbanisée et peuplée, le besoin d'humanitaire ne devrait pas décroître de sitôt. En même temps, y répondre se révèle plus complexe, entre difficultés d'accès, insécurité, durcissement des souverainetés et retour d'idéologies excluantes, tandis que transitions organisationnelles et technologiques sont en cours.
Philippe Ryfman – anciennement professeur et chercheur associé honoraire au Département de science politique de la Sorbonne – codirige désormais une plate-forme de recherches humanitaires. Il a notamment publié Une histoire de l'humanitaire (" Repères ", 2008), contribué à divers ouvrages collectifs et assuré la chronique " Société civile " du Monde-Économie. Également avocat et expert-consultant, il siège au sein de conseils d'administra tion d'ONG, de comités d'experts de fondations ou stratégiques.